"Non tu ne peux pas jouer avec nous Bobbi!
-Et pourquoi ?
-Parce que tu es une fille !"

La jeune enfant soupire et s'en va en courant. En 1947, l'égalité hommes/femmes n'est pas encore au rendez-vous.  Se réfugiant dans les bras de sa mère elle ne cache pas son chagrin. La main maternelle se pose dans les cheveux de la fillette et sa nouvelle bague de mariage s'accroche doucement dans ses derniers. Entendant les pleurs, son père approche doucement.

"Que se passe-t-il Bobbi ?
-Drew refuse que je joue avec eux car je suis une fille !
-C'est pas grave ! On va jouer ensemble ! Qu'est-ce que tu veux faire ?
-Un foot !"

Elle regarde son papa les yeux brillants, ravie de pouvoir jouer avec lui. Ce dernier fronce les sourcils, s'apprêtant à dire que ce n'était pas un jeu pour les filles mais se ravise et la fillette de 5 ans commence à jouer au foot avec son père.


"Où étais-tu encore passé ?
-Je... je...
-Jax ?!"

Les cris des parents eurent raison sur le sommeil de l'enfant de 7ans et cette dernière a descendu les escaliers, curieusement. Les larmes coulent sur les joues de maman qui regarde son mari, incapable de se tenir debout.

"C'est finit Jax. Tu t'en vas maintenant. Prend ta valise et va-t-en."

La voix froide, le regard las, le visage pâle, Ava vient tout juste de dire à son mari de s'en aller sous le regard impuissant de Bobbi qui retient ses larmes du mieux qu'elle peut. La fillette remonte les escaliers en courant et se jette dans le lit de son frère en larmes. Les deux enfants restent là à se consoler et alors qu'elle entend la porte claquer pour la dernière fois, elle ouvre la fenêtre et crit :

"Papa !"



"Et ton père il fait quoi ?"

Dans un parc, la jeune adolescente de 16 ans, sourit vaguement, les yeux rivés sur le soleil, un joint dans la main. Son père... Cela fait presque 7 ans qu'elle ne le vois que de temps en temps et il lui manque beaucoup mais son alcoolisme est dur à encaisser. Parfois, elle a l'impression de ne pas reconnaître l'homme qui l'a élevée.

"Je ne sais pas trop. Il survit je dirais. Comme nous tous.
-Profond...."

La jeune femme noire américaine à côté d'elle est sa meilleure amie et les deux femmes sont connues pour leur prise de position assez important, ce qui énerve les professeurs. Aujourd'hui, comme souvent, elles se sont faites virées de cours et se détendent maintenant sur l'herbe.


"Tu t'en vas en Septembre ?"

Après avoir enfilé son jeans, la jeune femme de 20 ans regarde l'homme encore couché dans le lit. James, son meilleur ami, est devenu son plan cul depuis quelques mois déjà. Elle n'est pas accrochée à lui, elle souhaitait simplement essayer et finalement ils sont devenus des sex friends malgré eux.

"Bien sûr ! J'ai été acceptée à l'université !
-Je n'arrive pas à y croire, je croyais que tu voulais devenir chanteuse
-Je sais. Je ne peux pas te suivre tout de suite en tournée mais une fois les études finies je serais là.
-Et moi je ne serais sûrement parti.
-Si tu le prends comme ça !"

La dernière phrase a été prononcée plus durement que ne souhaitait la jeune femme mais elle ne comprend pas pourquoi James n'arrive pas à se faire à l'idée qu'une fois vieux, le "Rock'n'roll Dream" s'effacera et l'argent disparaîtra.  Elle passe rapidement son tee-shirt et lance ses cheveux en arrière, elle s'approche de l'homme et l'embrasse tendrement sur le front. Alors qu'elle s'apprête à faire demi-tour, il la retient.

"Reste avec moi Bobbi. Je prendrais soin de toi !
-Pour que je reste à la maison toute la journée ? Sans façon !
-Bobbi...
-Quoi James ? Je resterais sur Los Angeles, c'est juste que je ne peux pas te suivre et faire le tour du pays."

Il lui lâche la main, capitulant. Elle lui sourit et récupère son sac. Alors qu'elle franchit le seuil de la porte, il l'arrête à nouveau.

"Je t'aime Bobbi.
-Moi aussi James, tu es vraiment mon meilleur meilleur meilleur ami."

Elle sourit, et franchit la porte de la chambre de James, pour la dernière fois.

"On est perdue la rousse ?"

Ses yeux lancent des éclairs alors qu'elle regarde le blondinet qui vient de l'interpellée. Quel macho. S'il croit qu'il sait y faire avec les femmes, il se trompe lourdement.

"Ca va, si j'avais eu besoin d'aide j'aurais demandé à quelqu'un qui en vaille le coup.
-Ouuuuh"

Un murmure provocateur est émis par les amis regroupés autour du gorille. L'un d'eux semble terriblement amusé par la répartie de Bobbi et répond.

"Tu es nouvelle ?
-Qu'est-ce que ça peut te faire Chad ?"

Visiblement vexé, le Gorille souhaite remettre le fameux Chad dans le droit chemin mais le jeune étudiant ne se laisse pas faire et sort du groupe pour s'avancer vers Bobbi.

"Tu étudies quoi ?
-Je rentre en première année de journalisme.
-Pas mal ! Vient je vais te guider !"


"Tu vas quoi ?!
-Je vais au Viet Nam.
-Comment ça tu vas au Viet Nam ? Tu vas y faire quoi ?
-Pour la guerre Bobbi. De toute façon ça ne te regarde pas, tu n'es plus à la maison."

La jeune femme se lève furibon de la table à laquelle se tiennent son frère et sa mère. Cette dernière n'a plus d'appétit et les larmes perlent dans ses yeux à l'idée que son fils rejoigne l'armée.

"Comment peux-tu aller combattre ces pauvres citoyens du Vietnam qui n'ont rien demandé !
-Tu dis n'importe quoi ! Tu te documentes pas assez ! Regarde les journaux un peu !
-Mon Dieu ! Tu es tellement manipulé par la propagande ! Ouvre les yeux Drew !..."

La dispute continua toute la soirée mais elle ne suffit pas à ce que Drew reste en Amérique auprès de sa famille.